Des rizières et des hommes

DSC_6635Nous quittons l’île de Cat Ba par un transfert que l’on peut qualifier d’express: 4h au lieu des 10h pour y arriver. C’est pas vraiment que les bus ou bateaux aillent plus vite, mais c’est surtout l’enchaînement entre chaque étape qui fonctionne. Nous nous retrouvons donc vers 13h dans Hanoi et notre train pour Sapa ne part que dans 9h. On décide de passer à l’hôtel qui doit nous héberger dans 4 jours pour poser une partie des valises, on voyagera ainsi beaucoup plus légèrement. Et tant qu’à faire on s’offre une chambre pour pouvoir se reposer un peu avant le trajet en train. Le soir, un taxi nous pose devant la gare où nous montons dans le SP2, train de nuit pour Sapa. Il est tout joli avec ses boiseries par rapport aux tains précédents que nous avions pris. Ses seuls défauts sont d’être climatisé à un petit 17 degrés, (ma parole, c’est une température suisse ça ?!) et d’arriver à destination à 5h30 du matin, ce qui est un peu rude pour tout le monde.

DSC_6797Une fois de plus nous avons pris une cabine à 4 pour cinq et cela va tout à fait, Romane et Samuel dormant « tête-bêche ». Je ressorts du train le batin avec un gros rube, Barie n’a pas troubé le sobeil avant 3 heures bais le reste de la troube à bien dorbi, c’est le brincibal. Un bus nous transfert ensuite de Loa Cai vers Sapa sur une route sinueuse et notre hébergeur nous attend au centre de Sapa pour nous emmener dans la vallée en contrebas, à Ta Van , où se trouve notre homestay. Situé plus bas que Sapa, Tavan offre malgré tout une vue dégagée sur la vallée où les rizières sont omniprésentes. Elles épousent les reliefs à la manière des courbes de niveau sur les cartes de géographie, avec une régularité étonnante. Haut lieu de trekking, on croise beaucoup de touristes en petit groupe ou en troupeau pour affronter les reliefs de cette magnifique vallée verte où l’eau glougloute dans chaque recoin .

DSC_6650La ville de Sapa étant le principal point de départ, la vie y est nettement plus animée que dans les pensions qui parsèment la vallée, comme celle où nous séjournons. Mais la population locale à compris qu’elle tenait là une nouvelle source de revenu et on se demande combien de temps ce calme va durer: ça construit du homestay partout, à vue d’œil.

DSC_6637Nous partons le lendemain avec une guide locale, issue de l’une des minorité ethnique Hmong de la région pour une ballade de 12-13 km dans les rizières. Ça grimpe assez sec! Notre trajet permet de croiser de nombreux buffles en marche ou prenant un bain dans les rizières. On voit des cascades, des ponts, des plantes permettant de faire de l’indigo (J’ai tenté l’expérience pour vous, le bleu met effectivement 2 jours à partir des mains.) des papillons sublimes, des écoles, des dispensaires. C’est très beau et très dépaysant.

DSC_6785Les populations sont très pauvres et vivent tout juste de leurs récoltes, selon la charge de famille qu’elles ont. Elles sont donc un peu plus insistantes que le reste du Vietnam pour vous vendre, étoles, petits sacs, bracelets et bijoux. La méthode consiste à camper devant les logement des touristes et les suivre les 5 premiers kilomètre de randonnée par troupeau de 2-3 vendeuses. Quand vous avez bien culpabilisé de ne rien lui avoir acheté alors qu’elles vous suivent avec leurs sandales en plastique dans tous les sentiers pentus avec une hotte qui semble peser 2 tonnes, la personne qui vous sert de guide assène le coup de grâce: on arrive près de leur village et il serait bien de leur acheter un petit quelque chose. Bon, même si c’est pas extraordinaire comme méthode, on sait au moins que l’argent ainsi gagné va à des gens qui en ont besoin. Et d’ailleurs une fois que nous avons acheté une ou deux bricoles, nous ne serons plus sollicités de la journée par les nombreux vendeurs ambulants. On sourit en croisant chaque groupe de touriste affublé de la même escorte.

DSC_6676La grande majorité de la population que nous croisons est en habits traditionnels. Les habits sont magnifiques et d’une grande élégance pour les femmes comme les hommes. Bien sur chaque ethnie à ses propres codes vestimentaires. Notre guide porte notamment un collier en fer légué par sa mère à laquelle elle accroche des anneaux et des clés, et des guêtres de tissus noirs enroulés sur les chevilles.
Cette région est imprégnée de la culture chinoise, extrêmement proche géographiquement parlant, et une partie des ethnies sont aussi d’origine chinoises. Le mélange des religions y est grand et la cohabitation plutôt bonne. Notre guide nous informe qu’il est désormais possible d’épouser un homme ou une femme d’une autre ethnie.

DSC_6709Le jour suivant, nous décidons de rentrer « à pied » à Sapa où un hôtel nous attend. C’est à nouveau 13km mais cette fois avec un fort dénivelé positif. Nos bagages seront déposés en voiture directement à Sapa, ouf. Le sentier est magnifique et varié, notre guide (la même que la veille) nous invite au passage à visiter sa maison et nous constatons une fois de plus les conditions rudimentaires de la vie locale. Et pourtant, elle a un revenu plus élevé que la moyenne. Elle peut s’offrir l’électricité pour la lumière et quelques outils, mais la cuisine se fait exclusivement au feu de bois. Elle prête des habits traditionnels de ses enfants à Romane et Samuel qui sont aux anges. Nous récolterons des compliments tout le long du trajet ! Samuel  se verra même offrir sa tenue qui est trop petite pour son propre fils !

DSC_6711En chemin, nous croisons quelques villages typiques, une fabrique d’habits où l’on peut voir toutes les étapes de la fabrication, depuis le filage du chanvre jusqu’à la teinture à motifs en passant par le métier à tisser. Un pilon à riz fonctionnant à l’eau, un pilon à maïs qui fonctionne à la force des bras, des buffles, des canards, des cochons…
Les enfants ont été admirables pendant tout le trajet, courant et chantant tout au long de ces 5h de marche. C’est surtout nous qui tirons la langue à cause de la chaleur…

Après une nuit de repos bien méritée nous reprenons le bus le lendemain pour Hanoi, où nous retrouvons l’hôtel où nous avions laissé nos affaires. Le soir nous sommes au restaurant, et je vais faire une petite parenthèse pour vous parler d’un repas typique dans un restaurant au Vietnam, même si nous avons vécu des expériences similaires au Cambodge ou en Thaïlande.

DSC_6965On s’approche à peine du restaurant que 2 personnes vous sautent dessus pour vous parler des spécialités de la maison et surtout des frites et spaghettis (prononcer Se-pagetti) qu’ils peuvent faire pour les enfants (on vient juste de briefer les enfants sur le fait de profiter de manger Viêt-na-mien! ), et que c’est justement maintenant l’heure de l’happy hour pour les cocktails. ( 2 pour le prix d’un) Mais bon en fait, l’happy hour, c’est 24h sur 24 et le prix du coktail est souvent  le double du restaurant d’a côté qui,lui, ne fait pas happy hour. (C’est « same-same » comme ils diraient…)
Vous avez constaté que le menu pèse 4 tonnes et comprend 68 pages. Donc, il devrait y avoir du choix pour tout le monde. Vous êtes assis on vous donne les cartes et exactement 3 secondes plus tard, la dame revient en demandant ce qu’on a choisi. Après lui avoir gentilement demandé 5 minutes de plus pour choisir, vous négociez fermement avec chacun des enfants le plat parfait répondant à l’équation: prise de risque modérée de la nouveauté + alimentation saine / partage du plat à plusieurs si trop cher = jus de fruit en bonus si tu prends le moins cher. Vous commandez donc un poulet aux légumes et un riz fris aux noix de cajou, mais là, le monsieur il dit qu’il a « no more chicken today », et donc 20 des 68 pages du menu ne servent plus à rien, alors vous proposez les mêmes plats en version « porc », mais il n’y a « no pork today non plus, sorry-sorry ». Il propose une pizza, les enfants hurlent OUAIS !!!!!!!!! Sauf que tu dis non car la pizza à rien coûte déjà une blinde, alors après un consortium de 5 bonnes minutes on se rabat sur les nouilles au tofu, le riz sauté et une salade de papaye verte, un jus d’ananas et du pain à l’ail pour faire plaisir aux enfants qui n’aiment pas le tofu.
La salade de papaye arrive quasi instantanément, puis après 10 minutes, quand nous l’avons presque terminée, le serveur enfile une veste prend son scooter et revient 5 minutes après avec un gros paquet de nouille. 15 minutes plus tard, une seconde assiette de riz sauté arrive, les enfants commencent enfin à manger. Le serveur repart en scooter un peu plus tard et revient avec 1 ananas.
Les enfants arrivent au bout de leur plat, la dernière assiette arrive avec le tofu. Le jus d’ananas est là lui aussi. On finit de manger, on demande l’addition, et c’est là qu’on nous amène le pain à l’ail dont plus personne ne veut car finalement les plats étaient très copieux.

Sur l’addition ? Il y a un poulet aux légumes ???, et 3 autres trucs illisibles. On se met d’accord avec le serveur et on quitte le resto très heureux et rassasiés…

DSC_6918Hanoï fourmille de vie partout, les trottoirs sont complètement envahis par les commerces, restaurants de rues et scooters parqués. On progresse donc prudemment dans les rues à côté du trottoir, en faisant attention au trafic en mouvement. Pour traverser, il faut une solide détermination, de l’humilité pour les voitures, camions et bus qui ne s’arrêteront pas pour vous, même si vous vous jetez sous leur roues, et une petite marge pour les conducteurs de deux roues qui vont spontanément modifier leur trajectoire pour vous laisser fendre la vague continue du trafic.

DSC_6819On se rend au musée d’ethnographie qui rend hommage à la cinquantaine d’ethnies qui composent le Vietnam.  En plus des nombreux objet exposés, nous assistons à un spectacle de marionnettes sur l’eau et visitons plusieurs maisons de diverses régions exposées dans le parc, une sorte de « mini-Ballenberg » vietnamien. On y croise plusieurs classes d’écoles vietnamiennes de tous âges. L’une d’elle doit interviewer des touristes étrangers comme devoir, on passe donc un moment rigolo à répondre à des questions sur Hanoï que l’on n’a pas encore visitée et à écouter un exposé sur les gongs à travers les âges !  On va ensuite voir le pont ferroviaire d’Hanoï, construit par les français au début du 20ème siècle et restauré plusieurs fois après des bombardements américains. On rentre à pied en passant par un magnifique marché.

DSC_6901 Le jour d’après nous flânons autour du lac… visitons la pagode qui se trouve sur une île de ce même lac reliée par un joli pont rouge, mangeons un morceau au « café de paris » pour changer de la nourriture asiatique, et achetons encore quelques petits souvenirs. Le lendemain, nous partons pour Ho Chi Minh (Saigon, quoi) d’où part dans 2 jours notre vol de retour en Europe.

DSC_6896Tant dans les rues d’Hanoï que Saïgon, notre progéniture a subit les assauts de nombreux vietnamiens ravis de les assoir de force sur leur genoux pour leur faire des bisous, pincer leurs joues, leur tapoter la tête, leur tripoter les cheveux et faire une douzaine de « selfie » avec eux. Leurs cheveux blonds impressionnent beaucoup au Vietnam, mais ces dernières semaines, les vietnamiens ne jugeaient pas nécessaire de demander notre accord pour venir au contact des enfants. C’est un peu déroutant…  Du coup, nos enfants sont assez contents de retomber dans l’anonymat dans quelques jours !

DSC_6961Notre visite de Saïgon en une journée; après un petit dèj à la boulangerie « Un jour à Paris » qui méritait le détour, nous allons déambuler sur les « Champs-Elysées de Saïgon » et admirer l’hôtel de ville, nous passons voir la poste dont le toit a été construit par un certain Gustave Eiffel, les cabines des téléphones internationaux ont un look d’enfer.  DSC_6964La cathédrale de Notre Dame trône sur la même place flanquée d’un air de famille avec sa grande soeur de Paris et le grandiose palais de la réunification nous plonge dans l’univers vintage des années 70, à l’époque de la fin de la guerre du Vietnam avec ses salons, bureaux et bunkers.


Notre Vietnam: (30 jours)

Les transports en quelques chiffres…

Heures de vélo 6
Heures de cyclopousse 0,5
Heures de train 38
Heures de bus 24
Heures de bateau 32
Heures d’avion (avec le retour en suisse) 17h30
Ainsi que de nombreuses heures de marche

Les spécialités que nous avons mangées / bues

Cao Lâu ( nouilles avec porc et salade)
Ramboutan
Coloquinte
Alcool de riz artisanal
Bahn mi ( pain de mie) = sandwich
White rose ( raviolis vapeurs)
Pancakes vietnamiens ( composition de rouleau de printemps frais avec à l’intérieur une omelette au poulet ou crevette, salade, et du concombre
Fondue vietnamienne
Chèvre rôtie
Chèvre grillée
Huîtres grillées
Coquillages
Calamars
Cuisine impériale
Bières Lao Cai, Ha Noi, Larue, Tiger, …


Qu’est-ce qui vous a surpris dans ce pays ?

Alix: La plongée en bouteille, c’est plus facile que ce que j’imaginais
Romane: Il y a plein de boulangeries françaises au Vietnam
Samuel: On a pris souvent le train
Marie: La densité de deux-roues dans les villes. La différence de mode de vie entre ville et campagne/montagne
François: La population est très jeune, un coût de la vie très faible par rapport à l’Europe.

Qu’avez-vous préféré dans ce pays?

Alix: Les trains de nuits
Romane: La fête des lanternes à Hoi An
Samuel: La baie d’Along
Marie: C’est un pays complet avec une identité une culture, une histoire, des paysages variés, tout le monde y trouve son compte !
François:  Les vietnamiens sont beaux, fiers, travailleurs et souriants avec un attachement à la famille très fort, tant vers les aînés que vers les enfants.

Que n’avez-vous pas aimé ?

Alix: La chaleur
Romane: Le transfert à Cat ba était super trop long
Samuel:  Les gens me tirent vers eux pour prendre des photos sans demander
Marie: C’est le dernier pays de notre voyage !
François: Un rapport à l’argent particulier, quelques petites arnaques qui entachent un peu l’image du Vietnam ( compteur de taxi trafiqués, tarifs labiles,…)

 

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5 réflexions sur « Des rizières et des hommes »

  1. Dans la campagne cela glougloute dans chaque coin mais vu le nombre de marques de bières « essayées » cela a du glouglouter grave dans les gosiers ..
  2. Quelles aventures magnifiques vous avez vécues tout au long de votre périple! C’est génial! On s’est régalés en voyant vos superbes photos (que de bons souvenirs !). Nous vous souhaitons « bon vent » jusqu’en Suisse et de merveilleuses retrouvailles. Votre belle escapade restera gravée en vous.
    A bientôt sur le vieux continent. Amitiés ,
    Les cinqsur5.
  3. Vous avez fini par un pays particulièrement beau à nos yeux ! Bon retour et profitez également de ces temps de retrouvailles. Les Happy Six
  4. Encore un tout grand merci pour ces récits toujours aussi sympa à lire. On vous souhaite une toute belle fin de voyage, et un beau retour en Suisse. Courage pour le retour, et peut être à bientôt…

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